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éditorial

introduction par
andrew cohen

ken wilber

père thomas keating

miranda shaw

ramesh balsekar

vernon kitabu turner

ajja

lee lozowick

vimala thakar


Rencontre du 3ème type avec l’Advaita

Le nihilisme euphorique de Ramesh Balsekar

Entretien avec Ramesh Balsekar



Imaginez que vous vous réveillez un jour dans un autre monde. Comme vous vous frottez les yeux pour vous habituer à la lumière très vive, vous voyez que ce monde n’est, à bien des égards, pas très différent du nôtre. Tout autour de vous il y a des créatures qui, à vos yeux, ont un aspect identique aux êtres humains avec qui vous avez l’habitude de partager ce monde. Vous les regardez poursuivre leurs activités quotidiennes, vivant leurs vies, conversant les uns avec les autres, faisant la multitude de choix et de décisions inhérentes à la vie. Cette image paraît rassurante, bien familière et tout à fait normale.
Mais bientôt vous découvrez que, dans ce monde-là, les choses ne sont pas forcément comme elles paraissent. Car ce ne sont pas des êtres humains. Non, ce sont des « organismes corps-esprit » qui n’ont pas, comme leurs homologues humains, la capacité de faire des choix ou de prendre des décisions. En fait ces organismes n’ont rien de semblable à ce que nous nommons libre-arbitre. Les scénarios de leurs vies entières ont été gravés dans la pierre longtemps avant leur naissance, ce qui ne leur laisse aucune autre possibilité que d’accomplir mécaniquement les actions résultant de leur programmation. On pourrait dire que ces créatures apparemment humaines ne sont pas trop différentes de machines. Alors qu’elles semblent se comporter comme tout individu libre pensant ordinaire, activement engagé dans la vie quotidienne, bizarrement une fois qu’on les interroge, elles soutiennent qu’elles n’agissent absolument pas. En fait, dans ce monde étrange, elles affirment qu’il n’y a pas « d’agissants ». En plus, personne dans ce monde n’est jamais responsable de quoi que ce soit. Même s’il semble qu’un de ces êtres fait du mal à un autre, il n’y a aucun sentiment de regret et aucun blâme n’est infligé. Si vous deviez interroger un de ces organismes corps-esprit sur cette question, la réponse serait qu’il n’y a personne, que rien ne s’est passé. L’éthique est un concept inconnu ici. Les lois de la nature ne semblent pas s’appliquer dans ce meilleur des mondes. Peut-être ont-elles été réécrites, car ces êtres semblent quand même observer quelques lois étranges. Vous vous demandez où vous pouvez bien être. Mais vous n’êtes pas sur Terre. Vous avez atterri sur la planète Advaita.


J’étais venu à Bombay pour interviewer Ramesh Balsekar, un des enseignants contemporains les plus connus du Védanta Advaita. Ramesh Balsekar vit au cœur de cette ville immense et chaotique, dans un quartier chic face à la mer, où, d’après mon chauffeur de taxi, vivent beaucoup de personnalités importantes. Le gardien de son immeuble déduit automatiquement qu’en tant qu’occidental je venais voir le maître, et me dirigea vers un étage élevé où Balsekar occupe un spacieux et confortable appartement. Impeccable, dans sa tenue indienne traditionnelle, Balsekar, hôte courtois, me salue chaleureusement. Son comportement est radieux et animé, et j’ai du mal à croire qu’il a quatre-vingts ans.
Ramesh Balsekar a un parcours inhabituel pour un gourou. Éduqué en occident, il eut une carrière professionnelle très réussie, prenant sa retraite de son poste de président de la Bank of India à l’âge de soixante ans. Même s’il affirme avoir toujours eu un penchant à croire au destin, ce n’est qu’après sa retraite qu’il commence sa quête spirituelle, ce qui l’amène rapidement à son gourou, le très renommé maître de l’Advaita Védanta, Sri Nisargadatta Maharaj. Nisargadatta était un maître fulgurant, connu en occident dans les années soixante-dix grâce à la publication de I Am That (Je suis cela), la version anglaise de ses dialogues, qui devînt un classique spirituel moderne. Moins d’un an après sa rencontre avec Nisargadatta, alors qu’il traduit pour son gourou, Balsekar parvient soudain, à ce qu’il appelle « l’ultime connaissance » - l’éveil-. D’après Balsekar, Nisargadatta lui donne l’autorisation d’enseigner juste avant de mourir et, depuis ce moment, Balsekar n’a de cesse de partager son message en tant que successeur du célèbre gourou. Balsekar a publié de nombreux livres de ses enseignements et a enseigné en Europe, aux Etats-unis et très fréquemment en Inde. Il tient satsang (audience avec un maître spirituel) dans son appartement tous les matins où un flux régulier, presque exclusivement, d’occidentaux, trouve son chemin jusqu’à Bombay pour le voir.
Au début nous voulions interviewer Balsekar non seulement parce qu’il est un enseignant populaire et influent de l’Advaita - avec des élèves qu’il a autorisés à enseigner à leur tour en toute autonomie ­ mais aussi parce qu’il est considéré par beaucoup comme le successeur d’un des maîtres de l’Advaita les plus reconnus des temps modernes. Cependant, nous avons vite réalisé en étudiant les écrits de Balsekar, qu’il enseigne une forme de l’Advaita assez inhabituelle et peut-être même excentrique qui, nous devons l’admettre, nous a conduit à des conclusions qui nous semblent douteuses et dérangeantes. Car, alors que le penchant déterministe de la pensée indienne a été longtemps critiqué, il apparaît que Balsekar a poussé ce fatalisme vers un extrême sans précédent. Le désir d’explorer ces zones troubles, comme notre intérêt général dans les enseignements de l’Advaita, m’ont finalement porté jusqu’à Bombay pour parler avec lui. Déjà anticipant une rencontre difficile lorsqu’on nous servit le café et que nous nous installions confortablement dans son salon, si je regarde en arrière maintenant, il devient absolument clair qu’en aucune façon, je n’aurais pu me préparer au dialogue qui allait suivre.





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