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Est-ce moi qui saigne ?
Entretien avec Roshi Bernie Glassman
mené par Andrew Cohen
Roshi Glassman est devenu un fervent adepte Zen alors qu'il était ingénieur aéronautique chez McDonnell-Douglas vers le milieu des années soixante. D'une nature passionnée pour ses centres d'intérêts, Roshi Glassman a été ordonné moine Soto et devint bientôt directeur du Centre Zen de Los Angeles où, à la demande de son maître, Taezen Maezumi Roshi, il commença à enseigner. En 1979, il fonda sa propre communauté Zen à New York, où il devint une personnalité controversée des milieux Zen en raison du fait qu'il insistait sur le travail et le monde des affaires en tant que pratique Zen plutôt que sur la pratique de la méditation [zazen]. " Vous pouvez être un accro du zazen, dit-il, sans insister sur le fait de s'ouvrir vraiment et cela crée un problème plus important parce que vous vous attachez à la forme. Et la forme devient un substitut de la vie. " Pour subvenir aux besoins de sa communauté balbutiante, Roshi Glassman créa la boulangerie Greyston, comme initiative commerciale Zen et qui, avec le temps, a connu un énorme succès commercial. Son intérêt pour le Zen dans le monde des affaires a évolué vers un intérêt passionné pour le Zen dans l'action sociale. Et bien que cela l'ait éloigné de bien de ses élèves initiaux, cette action lui a amené peu à peu d'autres élèves, attirés par une vie vouée au service des autres, à la compassion en action. Cette compassion en action est devenue tangible dans ce que l'on appelle aujourd'hui le " Greyston Mandala ", réseau d'organisations caritatives inspirées de valeurs bouddhistes. Le " Greyston Mandala " fournit certains services à [south west Yonkers] New York : A l'heure actuelle, la boulangerie Greyston recrute et assure la formation de membres de ce quartier défavorisé. La Greyston Familly Inn gère des appartements rénovés destinés à d'anciens sans abris et à des familles pauvres ; et la maison de santé Greyston abrite des personnes séropositives qui y sont soignées et reçoivent également une assistance psychologique.
 Le fait de travailler en contact avec des familles de sans abris a donné à Roshi Glassman l'idée de faire lui-même l'expérience directe de ce que signifie le fait d'être sans abris. Au début des années 90, il débuta ce qui est devenu pour lui un événement annuel - les " retraites de rues "- où les personnes en retraite vivent dans la rue pendant cinq jours, mendiant leur nourriture de manière à faire l'expérience de ce que veut dire être complètement à la merci de la générosité des autres. Roshi Glassman mène également des retraites à Auschwitz où tous les ans au mois de novembre 150 personnes " se font les témoins " de l'impensable horreur de l'holocauste.
Au cours de l'hiver 1994, Roshi Glassman, pour fêter son cinquante cinquième anniversaire, a passé cinq jours sous la neige, sur les marches du Capitole, se posant une seule question : " que puis-je faire au problème des sans abris, du sida et de la violence dans ce pays ? " Le résultat fut la création d'un ordre d'adeptes Zen dédiés à la paix, sous le nom d'" artisans de la paix ". Cette idée s'est développée pour donner naissance à un mouvement œcuménique international qui insiste sur la nécessité d'intégrer la spiritualité dans l'action sociale.
" Dans un monastère Zen, l'environnement est contrôlé avec attention et rigueur pour permettre aux moines d'atteindre un état de non-savoir et faire l'expérience de l'unicité de la vie, " écrit-il dans Porter témoignage. " Mais j'ai choisi de ne pas vivre dans un monastère. Je me suis trouvé confronté au monde des affaires, à l'action sociale, à la promotion de la paix ; pour moi la question est donc devenue quelles sont les formes d'activité commerciale, d'action sociale ou de promotion de la paix qui peuvent nous aider à percevoir l'unicité de la société, l'interdépendance de la vie ? Toute ma carrière d'enseignant est vouée à créer de nouveaux environnements et des structures, de nouvelles activités commerciales et des formes sociales qui puisse faire avancer chacun d'entre nous vers la découverte et la réalisation de la voie de l'éveil, qui n'est rien d'autre que de faire la paix. "
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